Face à la méconnaissance assise sur un matelas
de certitudes qui ne sont guère qu’une bouillie synthétique de tout ce qu’un
individu prétendument libre aura gobé des décennies durant, j’aurais envie
malicieusement de lui dire très gentiment : écoute mon petit, tu sais,
quand tu étais enfant, tu t’asseyais au coin du feu et écoutais ton grand père,
qui connaissait la vie, te raconter des histoires. Souviens-toi bien : ces
histoires n’étaient pas des contes pour enfants tels que ceux que te murmurait
ta maman avant ton sommeil mais bien des leçons de vie. Ou tu pus alors puiser
de quoi devenir un homme.
A ceux-ci je conseille de manière bienveillante
et sans ironie aucune d’aller écouter sur Youtube l’interview que Roland Dumas,
un vieux monsieur qui a l’âge d’être un grand père, donna en 2013 a Radio
Courtoisie à propos de la situation syrienne - et plus généralement de la situation
réelle au Proche Orient.
Cet interview d’un ancien Ministre des Affaires
Etrangères pour le moins brillant (quoi qu’on pense de ses options et de celui
qui fut son mentor) et extrêmement bien informé des choses est un pur régal
mais surtout une leçon pleine d’humour et d’enseignements. En mois de 20
minutes le malicieux Papy Roland dévoile tout ce que nos yeux ont refusé de
voir et que nos oreilles n’ont pas su entendre – jusqu’à, ce n’est pas dit,
l’homme est bien trop correct, notre stupidité d’homme blanc pseudo sachant.
Il commence par conter qu’à Londres en 2009
(deux ans avant le déclenchement du conflit sournois contre elle) il fut à sa
surprise approché par des hommes fort bien introduits dans les milieux
diplomatiques à propos d’une « affaire » qui devait viser la Syrie.
Ne comprenant ni n’admettant que ces non élus se mêlent de politique étrangère,
le prudent Monsieur Dumas déclina l’offre.
Quand il vit s’enclencher le processus d’ingérence
en 2011 juste après celui de l’Irak puis de la Libye (précisons que Dumas
connaissait fort bien ces trois régimes qu’il qualifie de forts sans employer à
dessein le mot de « dictature ») il fit aussitôt le lien. Et fut
effrayé et confondu par tant de bêtise et de capacité de destruction. Sans
peser ses mots tant le sujet est grave, il se montre d’une réelle dureté à l’égard
de la politique étrangère française d’alignement sur les USA et Israël suivie
par le duo Fabius Hollande. Soulignant à quel point cette vassalisation allait à
l’encontre non seulement de la tradition diplomatique de notre pays mais aussi
contre nos intérêts sur absolument tous les plans.
Assassinant la bien-pensance des journaux qui
comme le Monde alignaient les mensonges et les bêtises (il n’emploie pas le
terme de « propagande » mais fait davantage que le suggérer), réglant
leurs comptes à cette armada de pseudos experts « poussant comme des
champignons sur toutes nos chaines », il réserve un sort tout particulier
au plus fumiste d’entre eux, à savoir Bernard Henri Levy, « dont on ne
peut que parler tant il fait tout pour qu’on parle de lui ». Mettant sans
langue de bois la question du sionisme et de la question palestinienne sur la
table, il fait feu de tout bois en n’évitant aucun des tabous imposés, ne se
laissant en rien dicter sa liberté de parole tout en demeurant parfaitement
respectueux. Chez un vieux sage l’humour rosse a remplacé la véhémence, et Papy
Dumas n’en manque pas.
Puis notre grand père dévoile, reculant dans le
temps, le tableau d’ensemble, c’est-à-dire la stratégie de départ et ses différents
chapitres. Qu’il illustre bien avec de forts nombreux exemples extrêmement bien
choisis car simples à comprendre. En racontant notamment qu’en son temps les américains
s‘étaient montrés quelque peu enclins à faire entrer la France de Chirac dans
le Commandement de l’OTAN. Et qu’après avoir longtemps hésité celui-ci, avisé
et malin, leur avait répondu : pourquoi pas si vous m’offrez en échange
quelque chose. Quoi donc, demandèrent les diplomates de l’Oncle Sam ? Eh
bien, le commandement sur le volet méditerranéen. Incluant donc sécurité d’Israël,
ressources pétrolières et gaz.
Evidemment les pourparlers cessèrent aussitôt et on n’en reparla plus jamais à Chirac.
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