« La France court au désastre.
Ce qui paraissait impossible il y a peu de temps encore
n’est plus aujourd’hui improbable : Mme Le Pen peut devenir la Présidente de la
République française ; à tout le moins le score du Front National au deuxième
tour peut dépasser la barre des 40%, voire des 45%, ce qui serait déjà un
coup de tonnerre politique.
La trahison de N. Dupont-Aignant, l’attitude ambigüe de
J.L. Mélenchon, l’effondrement du PS, les finasseries de certains de mes
propres « amis » politiques ajoutent à la confusion générale sur laquelle
prospère le FN. »
Ces quelques lignes qui ouvrent le
dernier billet publié par Alain Juppé sur son blog m’apparaissent
symptomatiques de la totale déconnexion de la très grande majorité de notre
personnel politique (et de leurs relais chapeaux à plumes dans les medias) par
rapport à ce qui se passe actuellement en France.
Juppé fut celui qui, quatre années
durant, nous fut présenté et vendu comme le « plus que probable futur président
de la République »(comme DSK avant lui). Balayé a la surprise générale du
seul fait de ce « Sens Commun » qui n’a de commun que le nom aux
primaires de la Droite et du Centre, il fut au pire des scandales Fillon
ressorti du chapeau par la quasi-totalité des caciques LR désireux d’éviter une
mort annoncée. Avant d’être rangé au fond du chapeau du fait du seul Sarkozy,
voulant à tout prix éviter le réveil du « meilleur d’entre nous » et
accessoirement seul rempart contre sa propre suprématie de petit tireur de
ficelles.
Le programme dudit Juppé aux
primaires était à peu de choses près celui de Macron. Une avalanche de bons
sentiments bleu blanc rouge et une cascade de mesures anti sociales propres à étouffer
un malade déjà exsangue par deux décennies d’heureuse mondialisation.
Face à l’inéluctabilité d’un dégagisme
dont il n’aura été qu’une victime parmi d’autres, le connétable de Bordeaux
(cette grande ville au brassage socio ethnique réputé) s’en va, tels Hollande,
Valls et consorts, exhorter le populo à résister a la déferlante extrême droitière…
en convoquant à lui les recettes du logiciel de son mentor Chirac il y a 15 ans
de cela.
Sauf qu’entre temps … Notre Amstrad
(comme on l’appelait autrefois) semble avoir oublié quelques vérités : le
FN de 2002 était parvenu au 2e tour à la surprise générale, ses élus
n’avaient pas investi les collectivités territoriales, ses thèmes n’avaient pas
fait mouche sur une part non négligeable de la population et de ses élus (chez
les Républicains surtout), les victoires électorales successives n’avaient pas
eu lieu, et puis c’était Jean-Marie et non Marine, sur une ligne extrêmement différente
à l’époque, tant dans le programme que dans les discours.
Un chambardement depuis l’accession
de la benjamine en 2011 à la tête de ce parti eut lieu dont notre grand homme, et
bien d’autres avec lui, semble n’avoir aucunement pris la mesure. Et le voilà
qui, tel son clone En Marche, agite désespérément le même chiffon rouge.
Je crains, cher Monsieur Juppé, avec
tout le respect que je vous dois, que vos injonctions ne soient bien trop
tardives. Il eut fallu sans doute que vous ne campiez pas depuis si longtemps
sur un matelas de certitudes et de bien-pensance pour aujourd’hui, à quelques
encablures d’un possible point de bascule, subitement sortir affolé de votre
torpeur. Ce bon peuple qui n’est guère présent dans les murs ripolinés de votre
belle cité girondine a comme qui dirait réécrit une part significative de cette
histoire à laquelle vous vous rattachez avec 15 ans de retard.
Et celle-ci
semble vous signifier de dégager, je le crains, vous et toute la classe
politique à qui fut confiée de nombreux mandats et de nombreux avantages dorénavant
arrivés à échéance. Ce fut un prêt voyez-vous, et non un du, que ce pouvoir qui
vous fut confié. Vous disposez encore d’un joli bastion : eh bien
restez-y, et pensez un peu à la Libye que vous avez balancée dans le chaos le plus atroce…
C’est cruel sans doute que de voir
toutes ces belles âmes échouer sur le mur du réel et se faire renvoyer dans
leurs buts : mais quoi, la politique n’est en rien une bluette, et échouer
personnellement quand on a échoué aux manettes est la règle. C’est le peuple
qui est le dépositaire au bout du bout, et là, un bon paquet d’entre vous vont émarger
à la retraite…Je ne vous plains pas Messieurs Dames, celle-ci que vous vous êtes
votée est plus que confortable, et ce sont nos impôts qui vous la versent.
J’observe cette semaine le camp
Macron multiplier erreurs et bévues, sorties de terrains, erreurs de timing… Je
les vois refuser de faire campagne, tenter des coups, faire dans la
gadgetisation à Sarcelles et à Oradour et les rater les uns après les autres. Ces
images pour TF1 ne suffisent pas à convaincre au-delà des convaincus, il faut
faire campagne, Manu ! Et quand tu te pointes sur un terrain populaire non
balisé par ton équipe, eh bien je vois moi que ça se passe TOUJOURS mal.
J’observe ces Richard Ferrand ou
Christophe Castaner, cette pauvre Laurence Haim, véritables bleus en politique,
pédaler dans la choucroute. Ces gars-là s’imaginaient que le front républicain
allait suffire à justifier une dernière ligne droite paisible, Euro RSCG leur
avait assuré, 2002 oblige, que c’était plié de fait dès lors que le 1er
tour était franchi. La 1e place de Manu (due à la brillante campagne
des Insoumis qui auront réussi a piquer 3 à 4 points a Marine) les conforta :
au meeting de la Porte de Versailles dimanche dernier un journaliste du Canard
tomba nez à nez avec deux associés de Rothschild, anonymes bien sûr, qui
bichant s’y croyaient déjà.
La semaine qui s’achève vit la péronnelle
de Montretout marquer des points décisifs. Echec au Front Républicain, lézardé
par des électeurs et des élus dissidents. Appels multiples a l’abstention,
refus de Mélenchon de céder a l’injonction facteur de continuité pour les mêmes.
Prises de taille à l’ennemi, dépassement enfin franchi des murs FN en vue d’une
plus que probable recomposition de la droite ou les Républicains, comme avant
le PS, risquent de finir en slip. Sens Commun qui sur les réseaux lance un
appel à voter Marine … Whirlpool et les selfies… Revirement sur l’euro a 7
jours du 2e tour… Et 6 points de gagnés sur l’adversaire.
Je ne sais quel sera le résultat,
mais la dynamique est bel et bien en marche, et pas pour celui qu’on croyait.
Les logiciels sont périmés Messieurs Dames, va falloir vous réveiller dans la dernière
ligne droite si vous ne voulez pas que l’impensable et impensé devienne
possible. Jetez un petit coup d’œil sur les travaux du physicien chercheur au
CNRS Serge Galam, lequel contre tous les sondages de dernière minute avait bien
à l’avance prédit (comme moi mais sans ses méthodes scientifiques) le Brexit et
Trump. On n’est pas dans le sûr de chez sûr mais dans l’observation in situ d’un
phénomène incontrôlable qui avance à toute vitesse, et peut dimanche prochain ébranler
tout un matelas de conviction et créer un effet de sidération stupéfiant.
Alors prenez, c’est mon conseil,
juste le temps de le penser avant, au cas où … Car la logique que nous
observons depuis la rentrée 2016 est simple à comprendre, il s’agit de
renverser la table et de le faire vraiment jusqu’au bout. Ne serait-ce que pour
ne pas avoir à le faire encore plus violemment le coup d’après.
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