Samedi donc, direction Asuncion, la
capitale du Paraguay. Nous serons restés près de deux mois dans cette ville moyenne
qui se nomme Caaguazú, dont un mois ici, dans la maison d’El Señor et de La
Señora. Un mois sublime, avec eux, 73 et 75 ans, leur fils Juan, la chienne a
trois pattes Queen, les poules coqs et poussins, le chat Le Chat et le chaton
Chaplin, que finalement j’ai décidé de ne pas emmener avec moi comme Juan me l’avait
si gentiment proposé.
A compter de samedi je n’aurai plus
ces sublimes heures de solitude, assis sur une chaise ou bien debout à marcher à
pas lents au milieu du Jardin des Songes. Ce jardin en long riche d’arbres, de fougères
et de fleurs avec au bout le poulailler et la petite remise ou El Senor prépare
le maïs et tue les poules et poulets que nous mangions le midi.
Je n’aurai plus le petit Chaplin (3 mois
à peine) qui me suit au jardin, précède mes pas jusqu’à manquer me faire tomber,
et me suit voire me précède la nuit quand je me faufile dans ma petite chambre
avant de m’endormir. Ce magnifique chaton noir et blanc ne viendra plus monter
sur mon torse quand je suis allongé et ronronner comme un dingue jusqu’à ce que
le sommeil s’empare de moi.
Je n’aurai plus la Señora qui chaque
matin me demande :
« Que quiere usted
para la comida ? “, et qui s’esclaffe en
basculant son corps vers l’arrière quand je lui réponds en éclatant de rire :
« Quiero cocoricoco ».
Je n’aurai plus la joie de bon matin
de les surprendre tous deux assis pendant leur prière dans la cuisine, et de
dire comme elle « Gracias a Dios » dix fois par jour. De lui dire «
Salud a mi amigo Jesus » quand elle prend le chemin de l’église ou elle se
rend trois fois la semaine.
Ils (elle surtout) nous auront et
surtout m’auront adopté vite c’est fou, et magique. C’est survenu le soir de la
mort de Chatte, quand ils m’ont vu m’écrouler en larmes d’avoir vu leur chatte empoisonnée
mourir devant mes yeux. Quelque chose s’est passé ce soir-là, ils se sont dits :
Ce français un peu solitaire et un peu hautain, enfin pas comme nous, eh bien
si, justement, et pas qu’un peu ». Avec eux c’est comme si j’avais a 52
ans bientôt retrouvé de nouveaux grands parents.
Il va falloir dire adieu à tout ça,
a ce bonheur simple, à cette famille, à ce jardin, à ces beautés-là, qui
resteront gravées à jamais. Ce fut à mes yeux un épisode inoubliable de ma vie
qui en compte maintenant pas mal. Je ne sortirai plus au jardin au milieu de la
nuit siroter en silence deux bières avec Chaplin sur les genoux avant de lui
donner le top de départ pour rentrer une seconde fois sous le drap.
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