Tandis qu’en une semaine le nombre de nouvelles catastrophiques pleuvent sur l’Occident et l’hémisphère
nord dans un enchainement effrayant (attentats de Londres, Saint Petersbourg et Stockholm,
reprise des attaques en Syrie contre le pouvoir en place de Bachar el Assad sur
foi d’absences de preuves et d’enquête, attentat en Egypte dans des églises chrétiennes
au début de la semaine sainte, déplacement d’un porte avion américain en
direction de la péninsule coréenne avec menaces de l’Oncle Sam d’intervention
unilatérale : tout ça en 15 jours !), ici, en Amérique Centrale et en Amérique du Sud (le « Nouveau
Continent » qu’on l’appelle…) il
se passe très exactement l’inverse.
Les bonnes nouvelles pleuvent avec une régularité confondante.
Jugez plutôt : le Chili qui ordonne la
gratuité de l’électricité pour le peuple, les citoyens du Paraguay qui
incendient leur Parlement afin d’éviter que leur pouvoir politique vendu aux intérêts
des multinationales américaines ne leur confisquent leurs droits, le Salvador
qui vient d’interdire les mines de métaux afin d’enrayer pollution et déforestation…
Le clivage entre
Nord et Sud est absolument confondant. Tandis que l’un sombre, l’autre se
redresse. L’optimiste humaniste que je suis en déduit que le Monde ne peut être que sauvé, contre toutes les prévisions apocalyptiques
qui ne manquent pas. Tous les scénarios les plus noirs s’échouent sur le mur de
la réalité : à la fin la lumière triomphera, j’en fais le pari.
Il y a un homme (ce n’est pas le seul) pour
lequel j’entretiens une profonde admiration : c’est ce Pape François qui
nous vient comme par hasard d’Argentine. Cet homme a dans sa parole, sa voix,
sa clairvoyance et sa douceur tout pour être, depuis un monde qui semble bel et
bien s’autodétruire un phare de sagesse et d’amour.
Dieu sait (j’ai pas pu ne pas la placer celle-là)
que j’exécrais ses prédécesseurs, ce vieux polonais rétrograde et dogmatique, et
surtout ce nazillon teuton sénile qui heureusement ne nous a pas trop longtemps
pollué. Ce pape que nous avons incarne à merveille ce qu’il y a de plus beau
dans cette religion catholique qu’ici les peuples portent haut dans leurs cœurs
dans tous les actes de la vie quotidienne : plein a déborder d’amour, il
est compassionnel et rien que ça.
Et pourtant que de mépris et de haine et de railleries
en Occident et notamment en France … Poussé
dans ses retranchements, l’esprit laïc est devenu aussi intolérant que les bigots
de la Manif pour Tous. Leurs crachats incessants sur des gens qui sincèrement
vivent leur foi en toute quiétude m’insupportent au plus haut point. La haine
du curé, de la soutane et bien sûr de l’imam conduit vraiment à dire des
horreurs et à se montrer au-delà de l’irrespectueux envers des gens qui n’ont
rien fait de répréhensible. C’est du colonialisme pur et c’est devenu abject d’aveuglement bourgeois.
Je fus attristé de l’assassinat des
dessinateurs de Charlie, évidemment, bien sûr : mais j’aimerais aussi que
nos libertaires pour eux-mêmes (et pour eux seuls) commencent à s’interroger sur la question de la limite
de LEUR liberté d’expression,
laquelle les autorise à insulter unilatéralement une religion et surtout les femmes
et les hommes qui en paix y croient. Les droits doivent à mon sens toujours s’équilibrer
de devoirs, sinon c’est la porte ouverte à l’irresponsabilité et l’immaturité :
en d’autres termes, à la tartufferie.
Ce Pape, pour y revenir, se tient à distance de
ces débats, ne prend pas position dans ces polémiques occidentalo libertaires,
il a mieux à faire et il le fait admirablement. Il nous parle, encore,
inlassablement, d’amour et rien que d’amour. Et il parvient à le faire en étant
cerné par des prélats qui eux se prélassent dans l’opulence et l’hypocrisie. Il
faut vraiment le faire, et la aussi j’y vois un magnifique signal qu’il ne faut surtout pas désespérer de l’homme.
Sans m’aveugler sur le mouvement chaotique en
cours actuellement, celui-ci que j’observe frontalement sans vouloir lui
substituer une lecture plus rassurante, je ne cesse en même temps de poser mon
regard et d’ouvrir mon cœur à ce qu’ailleurs l’humain réalise de plus beau. Et
me dis que, décidément, le beau est si
beau que jamais l’obscurité ne pourra le réduire en cendres. Ce sera peut-être
ma dernière illusion, mais à celle-ci je tacherai de m’accrocher jusqu’à mon
dernier souffle : oui l’amour triomphera de tout. Vivre sans croire à ça
revient à mon sens à traverser une non-vie.
Moi qui ai une lecture de la Bible non comme un
texte sacré dans le sens séculier mais comme un immense poème transmis
oralement avant que d’avoir été posé sur papier sous une forme quelque peu
manipulatrice : je sais que cette Apocalypse écrite en état de transe mystique
par Saint Jean (la transe est le propre des poètes, et ceux-ci peuvent par elle
ouvrir certaines portes mystérieuses…) n’annonce point la fin DU Monde mais
bien la fin d’UN Monde.
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