mercredi 8 mars 2017

Travailler n'est point s'enchainer



Ce qu’on nomme travail ne devrait en rien être synonyme de souffrance et n’est en rien une valeur. Ce ne devrait être ni une chaine, ni un asservissement, ni une contrainte hyper cadrée par des horaires, un statut, une fiche de poste, une hiérarchie, une obligation a être régulièrement évalué et compare à son voisin de bureau. Ce ne devrait aucunement être une somme d’actions scrutées à la loupe et mesurées par des ratios. Ce ne devrait en rien être devenu la propriété de certains qui s’arrogent du fait d’un contrat la domination de la vie d’autrui. Ce ne devrait pas même être une location de temps de certains a d’autres, le temps étant la seule chose certaine que la vie nous donne à la naissance.

Non, le travail n’est en rien une valeur. Il faut être un puissant pour oser affirmer cela contre le sens même des mots, les détourner de leur signification. L’honnêteté, la tempérance, la justice sont des valeurs, le travail en rien. On ne prête pas assez attention a l’œuvre de destruction lexicale qui anticipe toujours la mise a mort d’une société par la manipulation du sens.

Travailler devrait redevenir un acte individuel propice a l’expression d’un talent, d’un savoir-faire, d’un art utile pour celui qui l’exerce comme pour nous tous. Quelque chose de noble, modeste ou ambitieux, dans lequel l’individu s’engage entièrement, sans besoin de vivre au travers de lui, mais en lequel il réalise une part essentielle de lui-même en actes tangibles et observables. Comme ces artistes des civilisations lointaines, qui ne signaient ni leurs statues, ni leurs poteries, ni leurs hiéroglyphes. Ils s’y sont magnifies, ils nous les ont léguées, et plusieurs siècles après, nous faisons la queue, admiratifs et reconnaissants.

Notre temps est notre, et l’obligation de travailler ne doit à mon sens point nous aveugler sur cette liberté qui est notre, quoi que nous dise la société qui nous endort. Nos patrons ne sont que les signataires de contrats de leasing, nous ne leur devons rien au-delà de ça. Ce qu’on nomme esprit ou culture d’Entreprise est une dangereuse fumisterie, un ersatz d’esprit sectaire bricole à la va-vite par des sous-développés du ciboulot a l’usage de naïfs et de fragiles. Feignons d’être en accord, faisons le job honnêtement tant que le cadre impose ne nous grignote pas, n’agissons pas en adolescents immatures en nous faisant les chantres de ceux qui nous asservissent bien au-delà de leurs droits, ne nous lançons pas dans des révoltes stériles remplies d’illusions. Ne perdons pas notre temps, ne leur donnons pas en plus ce temps qui nous appartient. 

Apprenons à partir au moment juste, a retrouver notre faculté a agir pour nous-mêmes et à quitter la cage sans prévenir. Nous ne leur devons rien d’autre que ce pour quoi ils nous rémunèrent, rien. Ces chancres de la liberté pour soi devraient comprendre que la chaine d’asservissement n’est jamais rien d’autre que la projection réussie un temps d’une chimère sur un esprit peu éclairé, et qu’en cela elle peut à tout moment, a la foi d’un éclair de lucidité, s’évanouir en fumée.


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