Ce qu’on nomme travail ne devrait en
rien être synonyme de souffrance et n’est en rien une valeur. Ce ne devrait être
ni une chaine, ni un asservissement, ni une contrainte hyper cadrée par des
horaires, un statut, une fiche de poste, une hiérarchie, une obligation a être régulièrement
évalué et compare à son voisin de bureau. Ce ne devrait aucunement être une
somme d’actions scrutées à la loupe et mesurées par des ratios. Ce ne devrait
en rien être devenu la propriété de certains qui s’arrogent du fait d’un
contrat la domination de la vie d’autrui. Ce ne devrait pas même être une
location de temps de certains a d’autres, le temps étant la seule chose
certaine que la vie nous donne à la naissance.
Non, le travail n’est en rien une
valeur. Il faut être un puissant pour oser affirmer cela contre le sens même des
mots, les détourner de leur signification. L’honnêteté, la tempérance, la
justice sont des valeurs, le travail en rien. On ne prête pas assez attention a
l’œuvre de destruction lexicale qui anticipe toujours la mise a mort d’une société
par la manipulation du sens.
Travailler devrait redevenir un acte
individuel propice a l’expression d’un talent, d’un savoir-faire, d’un art
utile pour celui qui l’exerce comme pour nous tous. Quelque chose de noble,
modeste ou ambitieux, dans lequel l’individu s’engage entièrement, sans besoin
de vivre au travers de lui, mais en lequel il réalise une part essentielle de lui-même
en actes tangibles et observables. Comme ces artistes des civilisations
lointaines, qui ne signaient ni leurs statues, ni leurs poteries, ni leurs hiéroglyphes.
Ils s’y sont magnifies, ils nous les ont léguées, et plusieurs siècles après,
nous faisons la queue, admiratifs et reconnaissants.
Notre temps est notre, et l’obligation
de travailler ne doit à mon sens point nous aveugler sur cette liberté qui est
notre, quoi que nous dise la société qui nous endort. Nos patrons ne sont que
les signataires de contrats de leasing, nous ne leur devons rien au-delà de ça.
Ce qu’on nomme esprit ou culture d’Entreprise est une dangereuse fumisterie, un
ersatz d’esprit sectaire bricole à la va-vite par des sous-développés du ciboulot
a l’usage de naïfs et de fragiles. Feignons d’être en accord, faisons le job honnêtement
tant que le cadre impose ne nous grignote pas, n’agissons pas en adolescents
immatures en nous faisant les chantres de ceux qui nous asservissent bien au-delà
de leurs droits, ne nous lançons pas dans des révoltes stériles remplies d’illusions.
Ne perdons pas notre temps, ne leur donnons pas en plus ce temps qui nous
appartient.
Apprenons à partir au moment juste, a retrouver notre faculté a
agir pour nous-mêmes et à quitter la cage sans prévenir. Nous ne leur devons
rien d’autre que ce pour quoi ils nous rémunèrent, rien. Ces chancres de la liberté
pour soi devraient comprendre que la chaine d’asservissement n’est jamais rien
d’autre que la projection réussie un temps d’une chimère sur un esprit peu éclairé,
et qu’en cela elle peut à tout moment, a la foi d’un éclair de lucidité, s’évanouir
en fumée.
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