lundi 20 mars 2017

Stratégie du Chaos : Le cas syrien ou la déculottée occidentale


Troisième des sept cartes du jeu de cartes des Faucons américains, venant après les cas  iraquiens et libyens, la Syrie devait en théorie n’être qu’une partie simple après ces deux répétitions inégalement réussies.

Premier essai, la carte irakienne avait failli mettre à bas la manche, tant les ficelles, l’arrogance et le peu de crédibilité personnelle de ses lanceurs avaient constitué des erreurs à ne renouveler sous aucun prétexte.

La 2e partie, par comparaison, avait constitué une promenade de santé, conduite qui plus est par ce tout petit français en mal de gloire à qui on avait confié à défaut des commandes l’illusion qu’il les tenait en mains. 

Détectée tôt (des 2009 « on » confiait déjà sous cape à Roland Dumas qu’un coup de préparait) du fait d’importants contrats qataris en cours de négociation pouvant donner lieu à de juteux marchés énergétiques en direction de l’Europe, de son accès exceptionnel au bassin méditerranéen (un must pour quiconque souhaite avoir la main mise sur les échanges commerciaux), bien entendu de ses ressources pétrolières, de ses amitiés coupables envers le Lion Russe et l’Iran et de ses inimitiés non mois certaines envers Israël, la Syrie de Bachar el Assad avait tout du gros caillou dans la chaussure des intérêts occidentaux bien compris.

Au contraire de Saddam Hussein et de Mouammar Kadhafi, l’éviction du dirigeant syrien de la scène politique internationale n’allait pas être aussi aisée que les fictions précédentes. Mais pourquoi changer la trame d’un plan déjà par deux fois couronné de succès ? On allait donc reprendre le bon vieux scénario de la diabolisation pilonnée et de la guerre indirecte (sous couverts de droits de l’homme) par infiltration qui avait si bien fonctionné jusque-là.

On pratiqua donc un scenario analogue à quelques variantes près.

Etape 1: préparation de l’opinion par accumulations de mensonges de propagande en vue de diabolisation de l’homme à abattre. 

Apres Saddam le sanguinaire et Kadhafi le Fou, bienvenue Bachar le Gazeur aux armes bactériologiques ! Ce fut donc l’angle choisi, particulièrement efficace il faut dire, ce fut dit, répété, ressassé a toutes les sauces pendant des semaines, y compris par notre bon Monsieur Ayrault, lequel, pas plus que les autres, ne put et pour cause amener la queue du début d’une preuve à ces assertions gratuites :

 «Je le sais des services secrets français qui eux-mêmes le tiennent des services secrets britanniques et américains etc. », nous dit-il en substance. 

On parle bien du Chef de la Diplomatie Française …

Conséquence : On envoie des hommes défendre une population contre un pseudo tyran qui ne l’a a pas bombardée(Al Nosra par contre le fera sans que nos journaux le reprennent un peu plus tard) et ne nous a rien demandé. Surtout pas de pratiquer l’ingérence, d’importer Al Qaida et de virer son chef respecté (eh oui, Assad est ce qu’on appelle un leader fort ET populaire). 

Mais, répliquent les marionnettes,  on le fait POUR VOUS et pour les droits de l’homme : d’ailleurs regardez ces manifestants soi-disant syriens à Paris ou ces intervenants sortis du chapeau à l’Institut du Monde Arabe (regardez leurs CV et leurs amis du Golfe vous allez comprendre) qui ne parlent que d’importer la démocratie etc…

Du déjà-vu.

Etape 2 : pas de BHL sous le coude ce coup-ci, pas grave, l’ami Fabius est là ! C’est journées portes ouvertes au Ministère des Affaires Etrangères, de gentils rebelles tout droits sortis d’un conte de fées débarquent. Voilà qui sert bien nos affaires, songe le fringuant Ministre, armons-les, soutenons-les, et tant pis pour la légalité, on reste en plan arrière, ce sont eux (en fait la branche Al Nosra de l’EI mais chut) qui feront (je cite) le « bon boulot ».

Là il y eu innovation, petit arrêt sur images, par rapport aux cas irakien puis libyen. Nous voilà donc nous français, capables sans avoir d’ambassade sur place c’est-à-dire d’yeux de pouvoir depuis notre tour d’ivoire opérer un petit tour de passe-passe avec une paire de lunettes à double foyer. Les « gentils » rebelles donc et d’autres qui le seraient moins, qui auraient donc (c’est ce qu’on a fini après coup par nous expliquer) quelque peu muté en fondamentalistes du djihad

On parle, nous sommes bien d’accord, de diplomatie, pas de films Marvel… Aussi incroyable que cela vous sembler, le principe du « plus c’est gros plus ça passe » n’a plus de limite quand il s’agit de diplomatie à la Gribouille pour cette gauche belliciste.

Qu’à cela ne tienne, le but affiché étant de tenir mordicus la fiction de départ (dégager le dictateur qui gazerait son peuple) tout en cachant le motif réel (défendre les intérêts commerciaux de nos entreprises pétrolières et des monarchies du Golfe) accélérons !

Donc nous eûmes les bombes propres (les nôtres) et les bombes sales (celles de l’armée syrienne), les infos propres et les infos sales (je vous laisse le soin de compléter), les bons témoins et les mauvais (certaines autorités religieuses locales catholiques notamment, ne parvinrent point a accéder a nos medias tandis que d’autres, suivant une autre thèse, purent faire des tournées aux côtés de l’ami Fabius)…

Les fake videos sur Youtube made in Alep par quelques bloggers pas si discrets que ça (mais jouant fort bien les victimes de bombardements prêtes à mourir)…
Et puis les bons et mauvais étranglements/décapitations/lanceurs de gaz sur population civile (Al Nosra, vous vous souvenez, les gentils rebelles qui ont muté).
Sans oublier les « bons » et les « mauvais »hôpitaux bombardés (selon le principe bien connu de la bombe éthique)  
Etc…

Du bon travail tout ça, comme dit Fabius. Le tout avec des pseudos correspondants embarqués prenant leurs infos depuis une officine de presse se résumant à un petit bureau dans la banlieue de Londres et sans aucun correspondant sur place (les journaux de nos milliardaires sont en déficit, c’est le Qatar et toi contribuable qui servez à combler les trous de caisse)

Etape 3 . Patatras! Apres cette grotesque pantalonnade ayant mis à terre un peuple entier depuis 2011, voilà que Poutine entre en scène après un discours prophétique prononcé en septembre 2015 devant l’assemblée des Nations Unies et devant laquelle il énonce et dénonce toutes les hypocrisies, mensonges et compromissions occidentales y compris avec Daesh.

Jetant ses troupes dans le confit le voilà qui fait basculer le jeu pervers d’un côté totalement inattendu.

En France c’est l’hallali : Satan et Lucifer réunis, vite BHL ressort sa caméra ! Sur le terrain c’est un peu moins tragique : des populations sont libérées, le régime reprend des positions, les chrétiens remercient Assad, et les enragés d’Allah reculent.

Suprême humiliation, les apprentis sorciers néocoloniaux de Washington et Paris se font purement éjecter du jeu diplomatique par l’habile russe, lequel, avec ses alliés syriens et iraniens, réintègre malicieusement Ankara par la fenêtre.


Apprenti sorcier en déclin ayant balancé la raison par la fenêtre au point de financer et d’armer ses pires ennemis, voici donc la coalition occidentale non seulement éjectée d’un théâtre d’opération régional ou elle multipliait les poches de chaos, mais ridiculisée par une autre coalition jouant à un jeu sale qui se nomme guerre, mais le faisant au moins proprement. Et surtout intelligemment !



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