mercredi 29 mars 2017

Le pacte de Faust

Comment peut-on décemment émarger en tant que salarié ou gagner sa vie comme prestataire en travaillant pour un EXXON ou un TOTAL quand on sait les destructions que ces firmes opèrent tant à l’extérieur (Afrique, Proche et Moyen Orient, Amérique du Sud) qu’a l’intérieur, et qu’on a eu vent de leurs compromissions avec les régimes les plus abjects de la planète ? Planète qu’ils détruisent à petit feu …

Comment de même accepter de gagner sa croute dans l’industrie pharmaceutique et alimentaire quand on connait les effets ravageurs pour ne pas dire mortels qu’ils font prendre à leurs consommateurs, que l’on connait leurs méthodes pour ouvrir ou fermer un marché en refusant de vendre un produit de première nécessité a une population en voie d’extinction en dessous d’un tarif inatteignable, ou en détruisant des animaux par centaines et centaines de millions dans des conditions tellement atroces que voir les images nous est tout bonnement impossible ?

Comment se lever chaque matin et se regarder dans la glace quand on émarge chez Goldman Sachs ou dans une de ces institutions financières qui mettent à bas des pays ou des pans entiers de la population ? Comment accepter de pareils émoluments pour déverser une parole manipulatoire dans des médias de masse pour rendre les gens le plus con possible et leur faire avaler de quoi anesthésier toute envie de ruer dans les brancards ?

Pourquoi prendre la voie de devenir ingénieur en télécoms et informatique pour des multinationales ou des entreprises tendant à le devenir quand on sait ou qu’on découvre que le job contient espionnage industriel, création de logiciels de piratages de données, flicage et dénonciation des salariés, chantage sur les fournisseurs ? Comment bosser dans la grande distribution destructrice des petits producteurs, dans les cabinets d’audit maquilleurs de comptes et orfèvres en évasion fiscale, dans l’industrie de l’armement, dans les lobbies etc.

On peut être plein d’espoir et naïf, jeune on l’est tous plus ou moins, et le dessous des cartes ne nous est jamais présenté ainsi quand on signe le contrat de Faust. Mais après quand on sait ? Quand on a vu, quand on a compris ? Songez au conducteur polonais du train conduisant les victimes vers le camp d’Auschwitz, qui pendant plusieurs années faisait le chemin en connaissance de cause. Ne faisait-il vraiment rien ? Quel est le cout en termes d’image de soi quand on gagne sa vie à participer activement (une participation modeste est toujours active) à une entreprise de destruction ?

On a toujours, TOUJOURS, le CHOIX. Les métiers et les emplois et donc les choix ne manquent pas. Et si l’on s’abaisse à fermer les yeux et toute sa vie durant à contribuer à détruire son voisin de palier sans rien dire simplement pour gagner sa croute, viendra un temps où il ne sera plus possible de se mentir à soi-même.

On ne peut faire une entreprise de destruction sans posséder une armée soumise : et il faut être de bien mauvaise foi pour justifier sa présence sur la durée en disant « je ne suis pas dupe ». Non tu n’es pas dupe : tu es complice et c’est bien pire. Tu aurais pu, tu pouvais faire un choix tout autre, te rendre utile par exemple, servir et aider les autres, et te nourrir de ce que tu donnes. Tu y as pensé ? Mais tu ne l’as pas fait, tu as manqué de courage, tu t’es manque à toi-même, tu as trahi le gosse que tu étais. De cela personne ne te consolera, personne ne te plaindra, pas même toi-même.

Restes froid si tu le veux, bouche tes oreilles, ferme les yeux et avance comme un pion. Reste un con de bourgeois. Engrange, consomme, deviens propriétaire, deviens un vieux con. Tu avais mille occasions de sortir de ce jeu, et tu as préféré tout sacrifier, à commencer par tes valeurs et tes rêves d’enfant, pour un confort bien dérisoire, à présent que tu es sénile et malade. Que te valent cette intelligence dépensée à vide, ces biens, ces souvenirs si quand tu t’éveilles au chaud dans ton grand lit ta tête te pèse ? Tu mourras sur un tas de pognon, dommage pour toi mais ce fut ton choix.


Pourtant je me souviens, moi qui t’ai connu jeune, tu étais quelqu’un de chouette, à la base : un chouette gamin …


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