samedi 25 mars 2017

La mort de Chatte

C’est arrivé avec une rapidité et une violence incroyable, vers 21 heures. 

J’étais assis sur la terrasse de cette petite maison ou nous vivons depuis dix jours, lisant et sirotant tranquillement une bière. Quand je surpris un bruit étrange, comme un appel à peine audible. Je me suis levé et l’ai vue. Elle se tenait prostrée sous ma chaise, le corps secoué de tremblements, bavant de plus en plus, terrorisée. Un empoisonnement à n’en pas douter. Ici il y a des gens qui font ça, juste par bêtise tant chats et chiens sont nombreux dans les rues et les maisons, il y en a partout. Dix minutes à peine je l’avais encore entraperçue, cette chatte de la maison, la maman de ce petit Chaplin que vous venions enfin de baptiser, elle trottinait, feulait après le petit et cherchait comme d’habitude le chemin de la rue. Qui ce soir lui fut fatal.

J’ai senti mon pouls s’accélérer, mon cœur se soulever, me suis mis à genoux devant elle, l’ai regardée dans le fond des yeux, elle était vraiment terrorisée, un spectacle atroce, bouleversant, tu ne peux que comprendre tout de suite, qu’elle va mourir, qu’il n’y a aucune issue, que ça peut durer cette agonie.

Je me suis levé, ai couru vers nos hôtes, ils ont eu du mal à me comprendre, ont juste perçu sur le moment que j’étais bouleversé, au bord des larmes, ils ont mis quelques minutes à venir, j’étais à nouveau au sol à ses côtés, la caressant, la couvrant de baisers, cherchant non à interrompre l’inéluctable mais à rendre le départ moins pénible. Et ça a duré, dix minutes, interminables, avant que Néo ne prenne le relais, je n’en pouvais plus de couler toutes mes larmes sur cette pauvre chatte à laquelle je ne m’étais pourtant pas intéressé une minute jusque-là. A force de caresses et de câlins j’ai senti le corps se détendre, elle m’a regardé avec intensité, je n’arrêtais pas de pleurer, j’avais envie de hurler, personne ne parvenait à joindre un vétérinaire, seuls Néo et moi semblions plus que concernes, les autres, ses maitres avaient compris et déjà acte la mort, et nous, nous nous accrochions a elle désespérément tout en sachant pourtant que malheureusement…

Néo l’a enterrée. L’agonie a duré près d’une demi-heure, trois fois on a cru qu’elle était partie mais un souffle de vie encore. A la seconde fausse mort je n’ai pas pu rester, nerveusement je ne tenais pas.

Je suis resté hébété des heures, ne pouvant pas prononcer un mot, traumatisé par l’extrême dureté de ce que j’avais vécu, la souffrance d’un animal m’est insupportable, je pourrais tuer à mains nues un homme que je surprendrais faire du mal à un chat.


Le petit Chaplin était resté dans la maison, il n’a rien vu, n’a pas cherché sa maman, il gambadait tranquillement et faisait ses bêtises habituelles. Ce matin il jouait au jardin avec son père, la nature avait repris le dessus.


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